Enterovirus

Les entérovirus sont de petits virus nus à ARN impliqués dans de nombreuses pathologies humaines, en particulier les méningites estivales de l’enfant.

CARACTÉRISTIQUES VIROLOGIQUES

TAXONOMIE

Ils appartiennent à l’ordre des Picornavirales, à la famille des Picornaviridae et au genre Enterovirus ; « picorna » pour petit virus à ARN.
Le genre Enterovirus comporte plusieurs espèces virales dont 4 espèces d’entérovirus (A, B, C et D) qui infectent les humains (tableau 9.21.1). Chaque espèce peut comporter de multiples sérotypes.
N.B. : Les rhinovirus appartiennent au genre Enterovirus mais ne sont pas des espèces d’entérovirus (donc hors programme de l’internat).

STRUCTURE

Les virions sont de taille moyenne de 30 nm et nus. Ils sont résistants dans l’environnement. Leur capside icosaédrique est composée de 4 protéines (VP1 à 4). Leur génome est un ARN simple brin de 8 000 nt, linéaire, de polarité positive, pouvant donc être directement traduit en une polyprotéine précurseur. Elle est clivée pour donner les protéines fonctionnelles, structurales (capside) et non structurales (dont l’ARN polymérase et la protéase).

TROPISME ET RÉPLICATION

Ils ont un tropisme large (tube digestif, système nerveux…) et utilisent différents récepteurs sur les cellules cibles. La réplication a lieu dans le cytoplasme de nombreux types cellulaires et est associée au réseau membranaire dérivé du réticulum endoplasmique. Les virions sont libérés soit dans des vésicules lipidiques, soit par lyse cellulaire. Ils sont excrétés sous forme nue dans les selles.

Points clés
Les entérovirus sont de petits virus à ARN simple brin de polarité positive. Ils sont ubiquitaires et très résistants dans l’environnement.

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

La transmission des entérovirus est fécale-orale directe (défaut d’hygiène) ou indirecte (via l’alimentation et l’eau de boisson contaminées). L’excrétion virale se fait dans les selles principalement, mais est possible par la salive (aérosols).
L’incidence des infections à entérovirus est élevée dans la population en particulier chez les enfants.
Les entérovirus sont la première cause de méningites estivales de l’enfant. La poliomyélite antérieure aiguë, due aux poliovirus 1, 2 ou 3, est en voie d’éradication grâce à la vaccination et aux mesures d’hygiène collective (potabilisation des eaux de boisson). La poliomyélite est éradiquée d’Amérique et d’Europe. Il existe encore de très rares cas dans la zone Inde-Pakistan et au Nigeria.

Points clés
La circulation des entérovirus est importante dans la population, sauf pour les virus de la poliomyélite qui est en finalisation d’éradication dans le monde. La contamination humaine, par voie entérique, est essentiellement liée au défaut d’hygiène (péril fécal).

PHYSIOPATHOLOGIE ET MANIFESTATIONS CLINIQUES

Les infections à entérovirus sont le plus souvent asymptomatiques.
▶ La plupart des formes symptomatiques sont bénignes et cliniquement peu spécifiques : fièvre modérée, éruptions cutanées, signes cliniques ORL (pharyngite, otite…), respiratoires (pneumopathies, rhinites…) ou plus rarement digestifs (diarrhées…). L’évolution est en générale aiguë et spontanément résolutive.
▶ Les atteintes neurologiques sont fréquentes, en particulier chez l’enfant avec des méningites estivales qui sont de bon pronostic avec une guérison spontanée sans séquelles. Plus rarement il peut s’agir de méningo-encéphalite (pronostic réservé), de formes sévères dues à certains entérovirus plus pathogènes (EV71, EV68…), de paralysie flasque, de poliomyélite antérieure aiguë (en cours d’éradication grâce à la vaccination). La poliomyélite antérieure aiguë est une paralysie flasque ascendante pouvant conduire au décès par asphyxie (paralysie des muscles impliqués dans la respiration). En cas de survie, des séquelles à types d’atrophie musculaire avec déformations des membres peuvent conduire à un handicap très important.
▶ Atteintes cutanéo-muqueuses spécifiques : herpangine (angine vésiculeuse à entérovirus), syndrome mains-piedsbouche (nourrisson), conjonctivite…
▶ Autres atteintes rares : myocardite, péricardite, hépatite, pancréatite, syndrome de Guillain-Barré, diabète de type 1 (processus auto-immun).

Points clés
Les manifestations cliniques liées aux entérovirus sont très polymorphes. La plupart des infections sont asymptomatiques mais des formes neurologiques (méningites) sont possibles.

DIAGNOSTIC

DIAGNOSTIC DIRECT

Le diagnostic biologique n’est réalisé que pour les formes sévères ou non cliniquement évidentes.
▶ La recherche de l’ARN génomique par RT-PCR (Reverse Transcriptase-Polymerase Chain Reaction), en particulier dans le LCR est effectuée pour le diagnostic des méningites. Sa détection permet d’affirmer une origine virale à la méningite et donc un bon pronostic. Autres prélèvements en fonction de la symptomatologie : sang, lésions, selles, échantillons respiratoires…
▶ L’isolement par culture n’est plus utilisé en pratique (délai de rendu du résultat et sensibilité).
▶ Le génotypage est possible dans le cadre de suivis épidémiologiques.

DIAGNOSTIC INDIRECT

Pas de diagnostic indirect.

Points clés
Le diagnostic biologique est basé sur la détection de l’ARN viral.

TRAITEMENT

Pas de traitement antiviral spécifique recommandé actuellement en France.
Le traitement est uniquement symptomatique.

PRÉVENTION

Mesures d’hygiène universelles : lavage des mains.
La poliomyélite est une maladie à déclaration obligatoire en France.
Il existe un vaccin contre la poliomyélite uniquement. Il contient les 3 souches virales de poliovirus. Seul le vaccin à virus inactivé est actuellement utilisé en France (vaccin Salk). Il est obligatoire dans le cadre du calendrier vaccinal des nourrissons en association systématique avec les vaccins contre la diphtérie et le tétanos (DTP). Il fait l’objet d’injections intramusculaires à 2 mois, 4 mois avec des rappels à 11 mois, 6 ans, 11–13 ans, 25 ans, 45 ans, 65 ans puis tous les 10 ans.
Le vaccin contre la poliomyélite à virus atténué (Sabin, administré par voie orale) n’est plus utilisé en France car il contamine l’environnement et peut conduire à de très rares cas d’infections.

Points clés
La prévention des infections à entérovirus est basée sur l’application des mesures d’hygiène. Pour la poliomyélite, la vaccination est obligatoire et la maladie à déclaration obligatoire.